Le Caravage et Vélasquez au Palais Doria Pamphili à Rome.

Le Caravage et Vélasquez au Palais Doria Pamphili à Rome.

Parcourir Rome plonge l’esprit dans un bain effervescent de sensations entre histoire et actualité, entre éternité et réalité dans une alternance permanente d’obscurités et de rayonnements intenses. De ruelles en places, de Palais en églises, l’on suit un chemin d’éveil jalonné de richesses esthétiques à la fois passionnantes et atypiques qui ravivent en nous le sens d’une quête artistique.
Au détour d’une place, un bâtiment sombre aux fenêtres grillagées comme une forteresse n’incite pas à la visite. Pourtant, au-delà de cette austérité apparente, se cachent des merveilles lumineuses, dorées et subtiles. Le Palais Doria semble livrer ses trésors avec prudence, comme pour mieux souligner sa magnificence en préservant une part de mystère.
A l’origine, résidence du Cardinal Fazio Santoro, le Palais passe en 1601 au Cardinal Pietro Aldobrandini car il faisait partie de la dot de sa nièce Olimpia Aldobrandini, seule héritière qui épousa en 1647 Camillo Pamphili. Ce dernier devint un collectionneur averti et défenseur des grands artistes de son temps comme le Caravage, parfois contre l’avis et la pensée de son temps. Le premier inventaire présente un des tableau du Caravage : « Le repos de la Sainte Famille pendant la fuite en Egypte », et c’est au cours de la même époque qu’entre dans la collection un autre chef-d’œuvre soulignant son goût personnel : « Le portrait d’Innocent X »par Vélasquez.
Le salon Poussin nous accueille avec douceur, ainsi nommé, car les toiles de paysages dans des harmonies assourdies qui tapissent ses murs à la manière d’un papier peint, sont l’œuvre de Gaspard Dughuet, beau-frère du peintre Nicolas Poussin, et peintre préféré par les Pamphilj jusqu’aux environs de 1650.
Vient ensuite la salle des Velours ainsi nommée par la présence des tentures génoises de la fin du XVIIIème siècle, puis la lumineuse Salle de Bal, ancien salon de Musique, redécorée au XIXème siècle, aux murs recouverts de soie française, éclatante de lumière dorée à souhait, au parquet ciré évoquant les fastes et les plaisirs de la vie mondaine…
En avançant dans notre visite, on se sent transporté en dehors du temps tout étonné d’entendre encore l’agitation de la Via Corso au-dehors.Puis on découvre les trésors de peintures des Galeries disposées en carré et donnant sur une cour intérieure dont le fleuron de cet ensemble est la resplendissante Galerie des Glaces.

Parmi les œuvres maîtresses du Palais figure «  Le repos de la fuite en Egypte » qui est une des première peinture majeure de la jeunesse du Caravage. Cette scène du nouveau testament est innovante, tant par l’audace des attitudes (la position de l’ange de dos jouant du violon) que par la précision de l’exécution (on peut lire chaque note de la partition de musique). Elle exprime le désir du Caravage de mettre l’accent sur l’aspect naturel et vivant de cette scène biblique. Cette sensation se précise en observant en parallèle, situé juste à côté, le portrait de « la Madeleine », et l’évidence d’une relation de propos s’installe entre ces deux tableaux.
En effet, la Madeleine présentée dans une attitude de repentir, ses bijoux abandonnés jonchant le sol, symboles de sa vie mondaine est avant tout un témoignage de la foi et de la tendresse particulière qu’elle évoquait pour le peintre.
En regardant plus avant, on peut remarquer tout d’abord la même inclination de la tête entre Marie (dans « le repos de la fuite en Egypte ») et la Madeleine, puis la même larme coulant le long de leurs joues. D’autre part, la Madeleine qui semble par sa pose, porter un enfant imaginaire, trouve son écho dans la place qu’occupe Jésus dans les bras de Marie.
Le brocart rouge qui sert de ceinture à Madeleine éclate Sous cette vision plus approfondie, comme le symbole d’une maternité spirituelle. Sa souffrance qui se lit sur son visage n’est peut-être pas, en fin de compte, celui d’un repentir, mais plutôt celui de sa difficulté à être reconnue comme une personne digne de foi aux yeux de tous. La Madeleine semble porter en elle le concept du message christique, avoir accès à une dimension spirituelle évidente au regard du Caravage, malgré sa position sociale. Les similitudes picturales voulues par le peintre unissent les deux plus fidèles compagnes du christ dans une gémellité d’esprit. Le Caravage, en créant sur cette relation d’attitude entre les deux femmes, marque son attachement à une lecture de la religion très humaine, se situant au-delà de la morale. C’est en cela que le Caravage est génial, audacieux et révolutionnaire pour son temps, dans le sens noble du terme. Il captait dans la vie quotidienne son caractère de sacralité et cherchait à exprimer la foi en dehors du statut social des êtres. Pour lui, le sacré transpirait de la vie, dans une relation plus intense que celle exprimée dans le contexte de la religion officielle. Toute l’œuvre du Caravage est orientée dans ce sens et développe une puissance d’évocation spirituelle totalement originale, tant par sa facture très particulière, dues principalement aux ombres et lumières contrastées qui architecture son style, que par sa l’intention donnée à ses sujets. Son contact direct avec le philosophe Giordano Bruno, brûlé pour ses idées innovantes dans le domaine de la religion sur la place de Campo di Fiori à Rome, n’est d’ailleurs sans doute pas totalement étranger à sa démarche de pensée en tant qu’artiste.
Cet ensemble fait de lui un peintre hors norme échappant à l’influence de son époque, que Camillo Pamphili eu le courage de prendre sous sa protection.
Comme un bijoux dans un écrin de velours sombre, la petite salle « Vélasquez » expose le portrait d’Innocent X réalisé en 1650. Il résonne comme un écho aux œuvres du Caravage. La force d’autorité, à la fois morale et religieuse exprimée dans ce portrait saisissant apparaît en effet comme une affirmation de la nécessité de l’engagement pictural du Caravage, comme une invitation à sa rébellion toute en finesse et en subtilité. La dureté du regard du pape, la puissance et la conviction d’une pensée ancrée dans des certitudes qu’évoque son attitude ravivent l’audace et les innovations de l’œuvre du Caravage en les justifiant pleinement. Vélasquez lui-même a, sans l’idéaliser, insisté sur l’aspect austère et renfrognée du pape réputé pour être un despote à l’âme vindicative. 
Ce portrait nous permet de revenir peu à peu à la réalité de notre monde, en faisant le lien avec la peinture contemporaine, celui-ci ayant inspiré à Bacon une version surprenante et fascinante du pape Innocent X, l’une de ses œuvres majeures, en reprenant les indices de la difformité faciale indiqués par le peintre espagnol.
Si vous allez à Rome, donc, ne manquez pas de visiter ce Palais Doria Pamphili, un peu en retrait d’autres splendeurs plus évidentes, mais qui réserve des contemplations édifiantes et la certitude d’un voyage en dehors du temps…

Univers des Arts

Galleria Doria Pamphili, Piazza del Collegio Romano, 200186 Roma
tel : 00 39 06. 6797323

Horaires :

Du lundi au dimanche : de 10h à 17h.

 

 

 

 

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La Villa Medicis

La Villa Medicis

La Villa Medicis 

Dés l’entrée de la « Villa Medicis », l’Académie de France à Rome, Mercure nous accueille, ses ailes à ses chevilles semblent frémir, il tient en équilibre, léger et aérien, un pied posé sur la bouche ouverte d’une figure antique d’où jailli une eau limpide au creux d’une vasque romaine.

La beauté de la Villa rayonne une paix chargée d’histoire de création artistique,

C’est un véritable bonheur de se retrouver dans ce lieu mythique, qui depuis l’Antiquité a diffusé des trésors de créativité.

Les jardins à l’Italienne, entre allées conduisant aux différents ateliers et havres de paix fleuris, entourés de bosquets de lauriers odorants, incarnent un concept classique d’architecture floral que l’on rencontre dans toutes les grandes villas d’Italie. La part des jardins organisés et l’autre part plus sauvage symbolisent les échanges entre les mondes rationnels et irrationnels, entre le conscient et l’inconscient.

D’ateliers en terrasse et des salons au panorama qui s’envole sur Rome, nous sommes transportés dans des rêves esthétiques les plus inespérés, comme en dehors du temps, et l’on mesure le privilège d’être accueilli comme hôte de ce lieu mythique.

 

Petit résumé historique :

Site important depuis l’Antiquité, la Villa Médici a connu de nombreuses transformations depuis la première petite bâtisse édifiée par le Cardinal Ricci,  appelée « Casina Crescenzi » en 1554.

C’est le cardinal Ferdinand de Médicis grand collectionneur et Mécène qui, en se portant acquéreur du domaine en 1576, lui donnera un rayonnement essentiel. Il charge l’architecte florentin, Ammannati de concevoir la Villa comme un musée, plante dans les jardins des essences rares et édifie un petit pavillon le « Studiolo » sur la muraille antique d’Aurélien.

En 1587, le cardinal de Médicis est appelé à Florence pour succéder au trône de Toscane et laisse les travaux inachevés. La Villa retrouvera pleinement son rôle de palais des Arts au XIXe siècle avec l’installation de l’Académie de France à Rome, coïncidant avec la politique des grands travaux entrepris par Louis XIV au Louvre, aux Tuileries et à Versailles. Créée sous l’impulsion de Colbert et de Le Brun, elle accueillait à la fois les premiers prix de Rome et des protégés de quelques seigneurs. Aux peintres et sculpteurs s’ajouteront peu à peu les architectes, les musiciens et les graveurs. Boucher, Fragonard, Houdon, David, en seront les premiers illustres invités.

Ingres en sera le directeur de 1835 à 1841. Tout au long du XIXe siècle les artistes comme Baltard, Berlioz, carpeaux, Davis d’Angers Debussy ou Delacroix en seront les pensionnaires. C’est le peintre Balthus qui devient le directeur en 1961, nommé par André Malraux, il entreprend une grande restauration et développe les manifestations culturelles.

La durée du séjour est passée de quatre ans à deux ans, et de 12 pensionnaires à vingt-deux. La Villa Médici tend à favoriser les rencontres Franco-italiennes et joue un rôle décisif au sein de la vie culturelle Romaine et Européenne. Le directeur actuel est M. Richard Peduzzi.

Aujourd’hui, la Villa Médici est rattaché au Ministère de la culture et le concours d’entrée ( ouvert à tous – Plus d’info : Magali Fradin – Tel : 01 40 15 73 43 – magali.fradin@culture.gouv.fr, est organisé par la délégation aux arts plastiques (DAP).

 

Académie de France à Rome

Viale Trinità dei Monti 1 – 00187 – Roma

Tel : +39 06 67 61 291 – Fax : +39 06 67 61 243 – stampa@villamedici.it

 

Univers des Arts

 

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